Flics d'élite en manif :
jusqu'où ira la surenchère sécuritaire ?

Comme l'ensemble de mes confrères, j'assiste depuis le printemps 2016 qui a vu naître le mouvement de contestation contre la Loi El-Khomri à un durcissement du dispositif policier encadrant les manifestations. Amnesty International s'est d'ailleurs alarmée de cette situation dans un rapport publié le 31 mai 2017 dans lequel l'ONG pointait une « restriction du droit de manifester » ainsi qu'un usage disproportionné de la force par les policiers, y compris envers les journalistes (j'ai moi-même été blessée par une grenade de désencerclement qui a été délibérément lancée dans ma direction).  


Depuis, à Nantes où chaque manifestation est surveillée de manière systèmatique par l'hélicoptère de la Gendarmerie, la situation ne s'est pas apaisée. Un nouveau palier sécuritaire y a même été franchi le jeudi 8 février 2018 lors de la manifestation contre le « Plan Etudiants» de la Ministre de l'Enseignement Supérieur.  
Alors que le cortège composé d'étudiants et de quelques lycéens s'était engagé boulevard Michelet pour tenter de rallier le centre-ville, celui-ci a été stoppé par un cordon de CRS au niveau de la station de tramway Michelet Sciences. Deux fonctionnaires appartenant au PSI4G s'étaient positionnés sur l'aubette de cet arrêt, surplombant ainsi les manifestants. Tandis que l'un scrutait le cortège aux jumelles, l'autre était debout... armé d'un fusil d'assaut de type G36. L'unité à laquelle appartient ces deux policiers (la PSI4G pour "Section de Protection et d'Intervention 4ème génération") est présente dans chaque CRS et a pour mission d’intervenir sur des risques de tuerie de masse...

Toujours est-il que le cliché (en entête de ce billet) diffusé sur les réseaux sociaux immortalisant cette scène a suscité un vif émoi parmi les internautes. 
Devant une telle démonstration de force, nous sommes en droit de nous interroger sur les raisons qui ont motivées cette dernière : avait-elle un but dissuasif pour éviter les débordements ou avait-elle pour but de parer à une hypothétique attaque terroriste sur les manifestants (bien que cette éventualité soit tout de même très limitée) ?  


Pour tenter de comprendre pourquoi cette unité d'élite était présente à cette manifestation étudiante, PictureNews a sollicité la Préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein. Nous sommes dans l'attente de sa réponse.

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